jeudi 14 septembre 2017

« ANTITOTALITARISME » à deux vitesses… Communiqué commun à propos d’une déclaration du consul polonais à Lille.

PHOTO ARCHIVES PHILIPPE PAUCHET
M. Henri Dudzinski, le consul honoraire de Pologne à Lille, a eu le courage de s’indigner publiquement (La Voix du Nord du 13 septembre 2013 (édition de Lens)) contre la politique du gouvernement ultra-droitier de Varsovie, qui débaptise à tour de bras les lieux publics portant des noms de Résistants communistes. Cette protestation du consul est méritoire et il nous faut d’autant plus la saluer que nos associations, et d’autres, avaient personnellement alerté le consul sur ce sujet ; une lettre de protestation, transmise par le consul à l’Ambassade de Pologneà Paris, n’avait hélas reçu de celle-ci qu’une méprisante fin de non-recevoir.

Il est cependant dommage que le consul n’ait pas signalé que la fascisante chasse aux sorcières en cours en Pologne va plus loin que des attaques contre la mémoire communiste et antifasciste : en effet, Varsovie tente actuellement d’interdire le PC polonais et intente des procès aux dirigeants du PCP, « coupables » de défendre publiquement leurs idées. Or l'Union européenne (UE), qui proteste mollement contre les agissements liberticides du président Kaczynski (presse, IVG, justice, programmes scolaires), reste de marbre quand le pouvoir attente aux droits des communistes (non seulement en Pologne, mais en Hongrie, dans les Etats baltes, en Ukraine, etc.).

Pourquoi la répression contre les partisans de la restauration capitaliste pratiquée naguère par la République populaire de Pologne pour préserver le socialisme seraient-elles qualifiées de « totalitaires » par l’UE alors que serait conforme au « pluralisme européen » la répression anticommuniste mise en place dans plusieurs pays de l’Est pour sanctuariser le cléricalisme, l’UE et l’économie de marché ?

Deux poids deux mesures dont la signification de classe fascisante se lit hélas, à ciel ouvert…

Association Les Amis d’Edouard Gierek (Jacques Kmieciak),
Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (Vincent Flament), Pôle de Renaissance Communiste en France (comités départementaux 59 et 62, (Georges Gastaud).

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Reproduction de l'article dans la Voix du Nord

http://www.lavoixdunord.fr/216980/article/2017-09-12/le-consul-de-pologne-denonce-la-politique-de-censure-qui-touche-la-memoire-de

Le consul de Pologne dénonce la politique de censure qui touche la mémoire de militants communistes

Il n’y a pas que les associations et élus d’extrême-gauche qui fustigent les projets de censure des rues « communistes » en Pologne. Henri Dudzinski, consul honoraire de Pologne dans la région, a écrit au Premier ministre et au Président de la République pour dire son point de vue sur le sujet. Et plus largement sur la politique menée par le gouvernement ultraconservateur actuellement au pouvoir.

Par Anne-Lise Teneul | Publié le 12/09/2017 La Voix du Nord

Un consul qui prend la parole pour critiquer la politique du pays qu’il représente ? On ne voit pas cela tous les jours. Henri Dudzinski a choisi de sortir de sa réserve diplomatique pour dire ce que lui inspire la politique menée par le gouvernement ultraconservateur du PiS, au pouvoir depuis deux ans en Pologne.

Une position d’autant plus intéressante que cette politique a des répercussions jusqu’ici, dans le bassin minier : depuis le début de l’année, de Sallaumines à Auby, des associations et élus locaux protestent contre la censure qui menace la mémoire de militants et résistants du Nord – Pas-de-Calais, au motif qu’ils étaient communistes. Qu’en pense Henri Dudzinski ? « Je déplore tout à fait ce qui se passe actuellement en Pologne. Soixante-quinze ans après, toucher à cette mémoire, ça fait forcément des dégâts. Ceci étant dit, il faut avoir une vue globale des événements. Quand je vois, dans le Douaisis, des élus et militants communistes rebaptiser l’A21 autoroute de la liberté, je ne suis pas d’accord. Entre 1945 et 1990, ce n’était pas la liberté en Pologne ! »

« La dictature, qu’elle soit brune, rouge ou noire, je la refuse »

Henri Dudzinski juge extraordinaire le travail mené à Walbrzych par Bogdan Krol. Cette figure de l’amitié franco-polonaise, bien que n’étant lui-même pas communiste, se bat depuis des mois pour défendre la mémoire de militants et Résistants d’extrême-gauche. En revanche, les actions menées par les Amis d’Edward Gierek (association militante qui défend la mémoire de l’aile gauche de la Polonia) l’irritent au plus haut point. « La dictature, qu’elle soit brune, rouge ou noire, je la refuse », martèle le consul.

Au-delà de la polémique liée aux rues et monuments débaptisés, Henri Dudzinski s’inquiète de la politique menée actuellement par le parti Droit et justice. « Le pays est fracturé. Ce qui se passe ne me plaît pas. Après la chute du mur de Berlin, dans les années 1990, j’ai participé à la reconstruction de la presse libre en Pologne. J’ai participé à l’ouverture d’une ESJ-Lille (école supérieure de journalisme) à Varsovie. Ce furent des années fabuleuses. Aujourd’hui, je vois les projets du gouvernement, avec la repolonisation des médias, la réforme contestée de la justice et j’ai décidé de réagir. J’ai écrit au Premier ministre et au Président de la République, pour exprimer ma surprise et donner mon point de vue. Je sais que d’autres consuls en France ont également réagi. » Le consul de Lille a reçu une réponse officielle. Mais il refuse d’en dévoiler le contenu. Un choix diplomatique, pour le coup.

Quelques repères

Mai 2015 : le candidat du PiS Andrzej Duda est élu présidence de la République de Pologne.

Octobre 2015 : le PiS (parti ultraconservateur appelé aussi Droit et justice) obtient la majorité absolue au Parlement. Dans la foulée, il vote une loi visant à renforcer le contrôle du gouvernement sur les médias publics.

Octobre 2016 : une loi de décommunisation impose aux communes de débaptiser les rues et monuments portant le nom de militants communistes.

Février 2017 : le président de la Maison de Bretagne à Walbrzych, Bogdan Krol, tire la sonnette d’alarme : sa ville menace de débaptiser la rue Burczykowski, du nom d’une famille de Résistants communistes décimée par les nazis. L’association Les Amis d’Edward Gierek et le maire de Sallaumines, Christian Pedowski, montent au créneau. Ils adressent à la ville de Walbrzych un courrier signé par 133 membres du Parti communiste et de la CGT du bassin minier.

8 juillet : des élus et militants de gauche rebaptisent l’A21 « Autoroute de la liberté Kania-Rabiega », du nom de deux militants du bassin minier dont la mémoire est elle aussi menacée de censure.

13 juillet : c’est officiel, la ville de Walbrzych renonce à débaptiser les rues Burczykowski, Bronislaw Kania, Aleksy Czeredziak et Roman Piotrowski (toutes des figures de la Résistance).24 juillet : après plusieurs jours de manifestations, le président Duda met son veto au projet de réforme de la justice, très controversé. Une claque pour la majorité conservatrice du PiS.


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