samedi 23 septembre 2017

Solidarité avec le peuple saharaoui


Au début de l’été 2017, le 28-06-17 très exactement, le journal « Sur » de la province malagueña d’Andalousie-Espagne annonçait que l’aéroport de Málaga avait activé son dispositif spécial pour recevoir jusqu’au 3 juillet, 9 avions en provenance des campements algériens de Tindouf dans le cadre du programme approuvé annuellement par le Gouvernement des Provinces Andalouses (Junta de Andalucía) intitulé « Vacaciones en Paz » (« Vacances en Paix ») pour permettre à un millier d’enfants saharaouis de passer l’été, en Andalousie, accueillis par des centaines de familles andalouses, affiliées à la Fédération Andalouse des Associations Solidaires avec le Sahara Occidental et les Associations d’Amitié avec le Peuple Saharaoui des 8 provinces d’Andalousie. La collaboration de l’aéroport de Málaga à ce programme a compté sur la participation active d’Ibéria (compagnie aérienne) et des Forces et Corps de Sécurité de l’Etat. L’histoire des rapports Etat espagnol-RASD (l’Etat de Madrid laisse faire de telles initiatives) et peuple espagnol-peuple saharaoui (manifestations de solidarité) ne sont pas les mêmes que celles entre français et saharaouis.


Il y a une quinzaine d’années pourtant les CE de la CGT française accueillaient aussi l’été des enfants saharaouis, dans une moindre proportion, malgré la complicité officielle du Gouvernement français avec la Monarchie marocaine, la puissance coloniale oppressive occupant le Sahara Occidental.

EN FRANCE SACHONS FAIRE CONNAÏTRE LE PROBLEME ET COMBATTRE LA COMPLICITE DE NOTRE ETAT FRANçAIS AVEC LA MONARCHIE MAROCAINE. 

Comémorations du trentième anniversaire
de l'indépendance dans les territoires libres (2009)

A Paris le 10 septembre 2017, plusieurs associations solidaires avec la cause saharaouie décidaient de diffuser un texte réclamant la nécessaire solidarité avec le peuple saharaoui :

« CONTRE L’OCCUPATION COLONIALE MAROCAINE :

REFERENDUM D’AUTODETERMINATION MAINTENANT !

LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES SAHARAOUIS !

Avec ses affiches placardées sur les murs des villes du Sahara Occidental (principalement Laayoune et Dakhla), le pouvoir marocain vante la douceur de vivre pour attirer touristes et investisseurs. Mais il se garde bien de montrer l’envers du décor : répression des manifestations populaires, disparitions, tortures dans les commissariats et les prisons ; arrestations arbitraires et procès iniques avec de lourdes condamnations de militants politiques marocains et saharaouis ; expulsion de délégations de journalistes et de juristes (notamment espagnols et français).

La situation est particulièrement dramatique au Sahara Occidental (partagé entre la zone occupée par le Maroc et les camps de réfugiés en Algérie). Le territoire de la République Arabe Saharaouie Démocratique (dont le Gouvernement est en exil à Alger) reste occupé illégalement par le Maroc depuis 1975, après le retrait du colonisateur espagnol. En raison de leur participation d’activistes au camp de Gdeim Izik (démantelé avec violence par les forces d’occupation marocaines le 8 février 2010), 24 militants saharaouis ont été condamnés par un tribunal militaire le 17 février 2013 à de lourdes peines de prison. Le 27 juillet 2016, la Cour de Cassation a cassé ce jugement. Pourtant le nouveau procès, qui a commencé en décembre 2016, s’est terminé le 19 juillet 2017 par un verdict inique avec des condamnations de 20 ans à la perpétuité. L’iniquité du procès est apparue de plus en plus flagrante : aveux signés sous torture ; expertises médico-légales non conformes aux standards internationaux ; censure des avocats de la défense ; apparition de nouveaux témoins (douteux bien sûr…) 7 ans après les faits jugés ; partialité manifeste du président du tribunal… Le 17 mai, les accusés et leurs avocats marocains et saharaouis ont décidé de ne plus participer à ce qu’ils ont jugé être un simulacre de procès. Les deux avocates françaises de la défense ont été expulsées avec violence de la salle d’audience.

Face à ce déni de justice et à la gravité de la situation dans les territoires saharaouis occupés, des associations saharaouies en France et de soutien à la cause saharaouie en appellent les associations de Droits de l’Homme, les partis politiques, les syndicats ainsi que tous les citoyens soucieux de défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et les droits de l’homme, à agir pour :

-annulation du verdict du 19 juillet 2017 et la libération de tous les prisonniers politiques saharaouis ainsi que l’arrêt de la répression dans les territoires occupés ;

-instauration d’un véritable mécanisme international pour la surveillance des Droits de l’Homme au Sahara Occidental (indépendant de la Monarchie marocaine) ;

-respect du droit du peuple saharaoui à l’autodétermination et à l’indépendance avec l’organisation enfin du référendum d’autodétermination (promis par l’ONU il y a près de 25 ans !) ;

-pleine application de l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) du 21 décembre 2016 qui exclut le Sahara Occidental des accords entre l’Union Européenne et le Maroc (accords surtout commerciaux et surtout impliquant pétrole, gaz, phosphate provenant du sous-sol saharaoui et autres richesses marines comme celles issues de la pêche)

Ces associations réaffirment leur soutien à la lutte du peuple saharaoui pour son indépendance et leur solidarité historique avec le Front Polisario et la RASD. Elles demandent au gouvernement français, aux autorités européennes et aux Nations Unies de faire pression sur le pouvoir marocain pour qu’il libère les prisonniers politiques saharaouis, cesse sa politique de répression contre la population et respecte le droit international fondé sur la tenue du référendum d’autodétermination qui permettra au peuple saharaoui de décider librement de son avenir. »

Texte signé par : Asso. De la Communauté saharaouie en France (ACSF) asso.acsf1@gmail.com ; Asso. Des Saharaouis en France (ASF) asso.sahraouis.france@hotmail.fr ; Asso. Des Femmes Saharaouies en France fsf552014@gmail.com ; Plateforme pour la Solidarité avec le Peuple du Sahara Occidental plateformeSO@gmail.com

Texte rapporté et présenté en solidarité par : Ismael Salah (saharaoui) et Miguel Esteban (franco-espagnol).
Rencontre de l'ancien président 
Mohamed Abdelaziz avec Raúl Castro en 2014

jeudi 14 septembre 2017

« ANTITOTALITARISME » à deux vitesses… Communiqué commun à propos d’une déclaration du consul polonais à Lille.

PHOTO ARCHIVES PHILIPPE PAUCHET
M. Henri Dudzinski, le consul honoraire de Pologne à Lille, a eu le courage de s’indigner publiquement (La Voix du Nord du 13 septembre 2013 (édition de Lens)) contre la politique du gouvernement ultra-droitier de Varsovie, qui débaptise à tour de bras les lieux publics portant des noms de Résistants communistes. Cette protestation du consul est méritoire et il nous faut d’autant plus la saluer que nos associations, et d’autres, avaient personnellement alerté le consul sur ce sujet ; une lettre de protestation, transmise par le consul à l’Ambassade de Pologneà Paris, n’avait hélas reçu de celle-ci qu’une méprisante fin de non-recevoir.

Il est cependant dommage que le consul n’ait pas signalé que la fascisante chasse aux sorcières en cours en Pologne va plus loin que des attaques contre la mémoire communiste et antifasciste : en effet, Varsovie tente actuellement d’interdire le PC polonais et intente des procès aux dirigeants du PCP, « coupables » de défendre publiquement leurs idées. Or l'Union européenne (UE), qui proteste mollement contre les agissements liberticides du président Kaczynski (presse, IVG, justice, programmes scolaires), reste de marbre quand le pouvoir attente aux droits des communistes (non seulement en Pologne, mais en Hongrie, dans les Etats baltes, en Ukraine, etc.).

Pourquoi la répression contre les partisans de la restauration capitaliste pratiquée naguère par la République populaire de Pologne pour préserver le socialisme seraient-elles qualifiées de « totalitaires » par l’UE alors que serait conforme au « pluralisme européen » la répression anticommuniste mise en place dans plusieurs pays de l’Est pour sanctuariser le cléricalisme, l’UE et l’économie de marché ?

Deux poids deux mesures dont la signification de classe fascisante se lit hélas, à ciel ouvert…

Association Les Amis d’Edouard Gierek (Jacques Kmieciak),
Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (Vincent Flament), Pôle de Renaissance Communiste en France (comités départementaux 59 et 62, (Georges Gastaud).

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Reproduction de l'article dans la Voix du Nord

http://www.lavoixdunord.fr/216980/article/2017-09-12/le-consul-de-pologne-denonce-la-politique-de-censure-qui-touche-la-memoire-de

Le consul de Pologne dénonce la politique de censure qui touche la mémoire de militants communistes

Il n’y a pas que les associations et élus d’extrême-gauche qui fustigent les projets de censure des rues « communistes » en Pologne. Henri Dudzinski, consul honoraire de Pologne dans la région, a écrit au Premier ministre et au Président de la République pour dire son point de vue sur le sujet. Et plus largement sur la politique menée par le gouvernement ultraconservateur actuellement au pouvoir.

Par Anne-Lise Teneul | Publié le 12/09/2017 La Voix du Nord

Un consul qui prend la parole pour critiquer la politique du pays qu’il représente ? On ne voit pas cela tous les jours. Henri Dudzinski a choisi de sortir de sa réserve diplomatique pour dire ce que lui inspire la politique menée par le gouvernement ultraconservateur du PiS, au pouvoir depuis deux ans en Pologne.

Une position d’autant plus intéressante que cette politique a des répercussions jusqu’ici, dans le bassin minier : depuis le début de l’année, de Sallaumines à Auby, des associations et élus locaux protestent contre la censure qui menace la mémoire de militants et résistants du Nord – Pas-de-Calais, au motif qu’ils étaient communistes. Qu’en pense Henri Dudzinski ? « Je déplore tout à fait ce qui se passe actuellement en Pologne. Soixante-quinze ans après, toucher à cette mémoire, ça fait forcément des dégâts. Ceci étant dit, il faut avoir une vue globale des événements. Quand je vois, dans le Douaisis, des élus et militants communistes rebaptiser l’A21 autoroute de la liberté, je ne suis pas d’accord. Entre 1945 et 1990, ce n’était pas la liberté en Pologne ! »

« La dictature, qu’elle soit brune, rouge ou noire, je la refuse »

Henri Dudzinski juge extraordinaire le travail mené à Walbrzych par Bogdan Krol. Cette figure de l’amitié franco-polonaise, bien que n’étant lui-même pas communiste, se bat depuis des mois pour défendre la mémoire de militants et Résistants d’extrême-gauche. En revanche, les actions menées par les Amis d’Edward Gierek (association militante qui défend la mémoire de l’aile gauche de la Polonia) l’irritent au plus haut point. « La dictature, qu’elle soit brune, rouge ou noire, je la refuse », martèle le consul.

Au-delà de la polémique liée aux rues et monuments débaptisés, Henri Dudzinski s’inquiète de la politique menée actuellement par le parti Droit et justice. « Le pays est fracturé. Ce qui se passe ne me plaît pas. Après la chute du mur de Berlin, dans les années 1990, j’ai participé à la reconstruction de la presse libre en Pologne. J’ai participé à l’ouverture d’une ESJ-Lille (école supérieure de journalisme) à Varsovie. Ce furent des années fabuleuses. Aujourd’hui, je vois les projets du gouvernement, avec la repolonisation des médias, la réforme contestée de la justice et j’ai décidé de réagir. J’ai écrit au Premier ministre et au Président de la République, pour exprimer ma surprise et donner mon point de vue. Je sais que d’autres consuls en France ont également réagi. » Le consul de Lille a reçu une réponse officielle. Mais il refuse d’en dévoiler le contenu. Un choix diplomatique, pour le coup.

Quelques repères

Mai 2015 : le candidat du PiS Andrzej Duda est élu présidence de la République de Pologne.

Octobre 2015 : le PiS (parti ultraconservateur appelé aussi Droit et justice) obtient la majorité absolue au Parlement. Dans la foulée, il vote une loi visant à renforcer le contrôle du gouvernement sur les médias publics.

Octobre 2016 : une loi de décommunisation impose aux communes de débaptiser les rues et monuments portant le nom de militants communistes.

Février 2017 : le président de la Maison de Bretagne à Walbrzych, Bogdan Krol, tire la sonnette d’alarme : sa ville menace de débaptiser la rue Burczykowski, du nom d’une famille de Résistants communistes décimée par les nazis. L’association Les Amis d’Edward Gierek et le maire de Sallaumines, Christian Pedowski, montent au créneau. Ils adressent à la ville de Walbrzych un courrier signé par 133 membres du Parti communiste et de la CGT du bassin minier.

8 juillet : des élus et militants de gauche rebaptisent l’A21 « Autoroute de la liberté Kania-Rabiega », du nom de deux militants du bassin minier dont la mémoire est elle aussi menacée de censure.

13 juillet : c’est officiel, la ville de Walbrzych renonce à débaptiser les rues Burczykowski, Bronislaw Kania, Aleksy Czeredziak et Roman Piotrowski (toutes des figures de la Résistance).24 juillet : après plusieurs jours de manifestations, le président Duda met son veto au projet de réforme de la justice, très controversé. Une claque pour la majorité conservatrice du PiS.


lundi 11 septembre 2017

En Haute-Silésie (Pologne) : Mobilisation pour sauver le rond-point Gierek



A Sosnowiec, le rond-point « Gierek » du nom de l’ancien n° 1 du Parti ouvrier unifié polonais (POUP) de 1970 à 1980, est menacée de débaptisation dans le cadre de la loi dite de « décommunisation » votée par l’extrême droite polonaise en avril 2016.

Le maire de cette ville de Haute-Silésie d’où est originaire Edward Gierek (1913 – 2001) s’oppose à ce changement de nom. Ce printemps, il écrivait au président de la République Jaroslaw Kaczynski pour lui dire son indignation face à une telle perspective. Dans la foulée, la municipalité organisait une consultation publique auprès de la population. Près de 13 000 habitants y ont pris part. 97,3 % des votants se sont prononcés pour le maintien du nom "Gierek" toujours aussi apprécié pour son rôle dans le développement de cette région industrielle !



Mineur dans le Pas-de-Calais

Son souvenir reste tout aussi vif dans le Nord de la France, où sa famille a émigré au milieu des années 1920. Mineur de charbon habitant Libercourt puis Leforest dans le Pas-de-Calais, militant de la CGT Unitaire et du PCF, Edward Gierek a été l’un des acteurs de la grève de la fosse 10 de la Société des Mines de l'Escarpelle du 6 au 8 août 1934. L’une des premières grèves au fond d’un puits de mine de l’Hexagone ! Ce mouvement de protestation contre la politique répressive du patronat des Mines s'est soldé par l'expulsion de dizaines de grévistes et l’arrestation des meneurs incarcérés à la prison de Béthune ! Edward Gierek est donc expulsé vers la Pologne en cet été 1934, avant de revenir en Occident, trois ans plus tard. Il gagne alors les mines du Limbourg en Belgique qu’il quitte en 1948, dans le cadre de la politique de rapatriements orchestrés par le gouvernement polonais. Membre du POUP, il gravit les échelons de la hiérarchie du parti dont il prend la tête en 1970. Il a alors le statut d’un chef d’Etat. Toujours sous le coup d’un arrêt d’expulsion, Edwar Gierek revient en France dans le cadre de visite officielle, en 1972 et 1979.



Pétition en ligne

La municipalité de Sosnowiec avait jusqu’à ce 2 septembre pour se plier aux injonctions de l’Institut polonais de la mémoire (IPN) et du gouvernement qui ont placé Edward Gierek sur leur « liste noire » des militants dont il s’agirait d’effacer la mémoire. Refusant de se plier à cette exigence marquée au sceau du révisionnisme et de l’anticommunisme, la municipalité s’expose ainsi à des sanctions financières. C’est au gouverneur de la province de prendre, en dernier ressort, la décision. Le SLD (Sojusz Lewicy Demokratycznej / Alliance de Gauche démocratique) de Sosnowiec, a pris l’initiative de s’adresser au gouverneur de la province via une pétition accessible en ligne (http://www.petycje.pl). Les pétitionnaires assurent que le nom de Gierek reste associé du développement le plus dynamique de la ville depuis 115 ans et sa fondation. La période des années 1970 a offert à Sosnowiec de se doter d’infrastructures (transport, logements, etc.) synonyme de développement et d’amélioration des conditions de vie des habitants. La popularité de Gierek est confirmée par les fleurs et les bougies qui sont déposées sur sa tombe, chaque année, en juillet, mois de sa disparition. Sans sombrer dans l’idolâtrie, les signataires demandent seulement que ses mérites tangibles ne soient pas effacés des mémoires.